Rapport de mois de février 2024 sur les violations de droits de l’homme commises par le Mali et Wagner

Rapport de mois de février 2024 sur les violations de droits de l’homme commises par le Mali et Wagner

 

RAPPORT N°03/AKA/2024 Période : Mois de Février.

Le mois de Février reste marqué par une intensité des violations graves des droits de l’homme en territoire de l’Azawad et dans le centre du Mali. Elles n’ont épargné ni femmes, ni enfants, ni bétails, ni mêmes les infrastructures sociales de base… la machine répressive et aveugle a ciblé indistinctement tout ce qui bouge dans ses zones d’incursion. Ainsi, nuit et jour, des patrouilles des mercenaires Russes du groupe Wagner et de l’Armée Malienne sillonnent sans répit le territoire de l’Azawad, les villages et les hameaux nomades constituent la cible privilégiée de leur chasse.

Des exécutions sommaires collectives et individuelles, des viols, des vols de bétails, des incendies, des pillages, des disparitions forcées, des destructions des points d’eau… sont quotidiennement rapportés à l’Association Kal Akal par ses sources locales partout où les patrouilles séjournent.

Les populations Touareg, Maures-Arabes et Peulhs, en majorité ont fui en direction de la Mauritanie avec un statut de réfugiés et de l’Algérie sans statut de réfugiés. Le reste qui, par manque des moyens n’a pas pu bouger, vit dans la peur et l’angoisse et attend son « verdict » au prochain passage de Wagner-FAMa.

Rares sont encore les écoles ouvertes. Les centres de santé et les points d’eau en milieu nomades sont détruits.

Les habitations abandonnées par leurs propriétaires sont soit détruites, soit piégées à la mine dans le but d’exercer la terreur et de pousser les populations à abandonner leurs terres.

Les foires hebdomadaires pour l’approvisionnement en denrées et les zones de pâturages constituent un point de guet-apens pour tuer ou arrêter les civils. Aucune organisation ni de droits de l’homme, ni humanitaire n’ose s’aventurer pour savoir ce qui se passe exactement où tenter d’apporter de l’aide. L’asphyxie est totale et très accentuée pour tuer physiquement les populations par les armes ou les tuer en les affamant dans l’objectif d’effacer leur présence sur leur territoire, à défaut la réduire significativement. Ainsi, l’on peut peindre la situation de violations de droits de l’homme en Azawad.

Durant le mois de février 2024, l’Association Kal Akal a pu recenser les violations commises par Wagner et FAMa par catégorie. Elles concernent principalement le territoire et les populations de l’Azawad, mais couvrent en partie, selon les informations mises à notre disposition le centre du pays avec comme cible, la communauté Peuh.

Au titre de :

Exécutions et massacres : 117 civils dont 2 jeunes Talibés tués devant le centre Al Irchad de Kidal,14 civils suite à une frappe de Wagner- FAMa contre un village peulh du nom de konokassi dans le cercle de Niono lors d’un mariage, plusieurs tués. Le jour suivant alors que les villageois enterrent leurs morts d’autres frappent les ont ciblés faisant encore des morts et des blessés, ainsi qu’un jeune tué suite à une injection d’une substance mortelle dans la zone de Tanaynayte à Kidal.

Arrestations et disparitions forcées : 72 cas avérés et confirmés par les sources locales, notamment les parents des victimes ont été enregistrés don’t le cas d’Ahmad Ag Baye, infirmier en partance pour Tinzawatene don’t les traces sont disparues depuis son arrestation. Plusieurs dizaines d’autres cas d’arrestations et des disparitions nous ont été signalés sans que l’on puisse être à mesure de vérifier les allégations.

Vols : 5 cas de vol sont notés portant sur le vol de carburant dans les régions de Ménaka et de Kidal qu’ils volent lors de leurs sorties pour le revendre sur le marché, des animaux à Gao et de l’argent à Tin-ghardian. Des cas de vol se rapportant à des bijoux des femmes et à des pneus des véhicules garés, des téléphones portables et un tricycle ont aussi été enregistrés dans la région de Gao.

Viols : 3 cas de viol impliquant beaucoup des femmes ont été rapportés à Kal Akal don’t un à dianké dans le cercle de Niafunké, un autre dans la zone de Gourma Rharous, où plusieurs femmes et filles seraient violées par le groupe Wagner et FAMa sous la conduite d’un chef de Wagner qui serait nommé MIRONE, et enfin une fille serait violée dans la commune de Gabéro, village de Traoré par des hommes armés non identifiés.

Incendies et Pillages : sur ce registre, unanimement au moins 9 cas sont signalés, ils concernent entre autres l’incendie de la mosquée de tahabanat, le pillage de la clinique médicale de tanaynayte, des boutiques à Echel horo, Ingodiri, Tangara, Indelimane, Ibdakan, Djounhan, Dari, Tindirma…

Outre, les incendies, les pillages et les vols, d’énorme dégâts matériels sont causés par Wagner et FAMa. Ainsi, dans la nuit du 13 Février des frappes de drone ont ciblé à Talhandak une cour de stockage d’essence appartenant à M. ASSABIT AG BAKRENE, un commerçant, tout est parti en fumée, en plus du bilan humain effroyable, le dégât matériel se chiffrerait à plusieurs centaines de millions de FCFA.

Blessés : au cours de leurs missions, Wagner et FAMa ont eu à tirer aveuglement sur des campements habités, sur des forains ou sur des bergers derrière leurs animaux. De ces actes criminels, il en a résulté plusieurs blessés don’t certains handicapés à vie. Ils ont également tué beaucoup de bétails en ouvrant sans discernement le feu sur des troupeaux d’animaux, des fois Ils les tuent pour les emporter. Le dernier cas en date est celui d’Aman Idarnen, Niafunké le 24 Février où ils ont tué l’équivalent du contenu d’un camion en bovins qu’Ils ont emportés.

RAPPORT N°04/AKA/2024 Période : Mois de Mars.

A l’Instar des mois précédents, le mois de mars se caractérise par des violations des droits de l’homme assez graves et inhumaines contre les populations civiles, leurs biens et leurs infrastructures sociales de base.

Les mercenaires Russes du Groupe Wagner employés par la junte Malienne au pouvoir accompagnés de leurs « supplétifs » de l’Armée Malienne sont les principaux auteurs de ces violations. Outre, ceux-ci, les groupes terroristes, participent en matière de violations des droits de l’homme à travers des assassinats ciblés, des enlèvements et de vol de bétail.

Les cibles des violations sont constituées principalement des Kal Tamachaght (Touareg),des Maures-Arabes, des Peulhs. Les infrastructures et les biens ne sont pas restés en marge.

Les violations vont des exécutions sommaires individuelles et/ou collectives au vol des bétails et autres biens en passant par la décapitation et l’exposition en public des têtes tranchées sur le corps pour faire régner un régime d’horreur et de terreur pouvant affecter à jamais les esprits.

Ces violations sont commises dans l’ordre à l’aide de :

Les drones Bayraktar de fabrication Turque, constituent le plus grand lot en matière de massacre des civils et des infrastructures à travers des frappes aveugles et criminelles ;

Les arrestations suivies d’exécutions et souvent des décapitations ;

Les bombardements contre des villages, des attroupements humains autour des points d’eau ou des centres de santé, des voyageurs, des forains, des bergers … ;

Des disparitions forcées ;

Des vols ;

Des tentatives d’atteinte à la culture et à l’identité kal Tamachaght (Touareg), se manifestant par une campagne de suppression de Tifinagh (écriture autochtone des Touareg) et des dessins rupestres sur les rochers de l’Adagh de Kidal ;

Les enlèvements ;

Les tortures ;

La politique Etatique de dépeuplement ciblé et repeuplement planifié ;

Ainsi, durant le mois de Mars, le tableau de répartition des violations des droits de l’homme se présente comme suit :

Massacres/exécutions : au cours du mois de mars, l’Association Kal Akal a pu comptabiliser au moins 65 civils tués don’t la plupart suite aux frappes des drones Turques. Parmi ces victimes innocentes on note les cas les plus graves ci-après : le 16/3/2024 : une frappe de drone sur le village d’Amasrakad, Gao s’est soldée par au moins la mort de 13 civils don’t 9 femmes parmi lesquelles une vieille de plus de 70 ans, la directrice du centre de santé, des enfants et des adultes, 11 blessés don’t des cas graves et un véhicule appartenant au CSCOM brulé. Dans la nuit du 22 au 23/3/2024 : une frappe de drone a ciblé un regroupement des enfants talibés (élèves coraniques) don’t l’âge est compris entre 9 et 14 ans autour d’un feu à Douna Pen, région de Koro , au moins 14 tués et plusieurs blessés. Le 25/3/2024 : des sources proches de la victime ont confirmé à l’Association Kal Akal la mort par torture au camp militaire de Tombouctou d’un jeune adolescent du nom de Sidi Arby, précédemment arrêté avec son frère don’t on ignore encore le sort.

Arrestations/enlèvements : 66 cas ont été signalés don’t celui du maire de Tidermene, YOUSSOUF AG DANDANE enlevé chez lui à Ménaka par wagner-Fama dans la nuit du 20 au 21/3/2024. Il ya eu également le cas de 3 civils à Kidal don’t un handicapé physique du nom de Bikka Ag Assiltane par wagner-fama le 26/3/2024.

Blessés : 18 blessés ont pu être formellement pointés pour le mois de mars. Cependant, il y en a eu beaucoup qui ont été signalés à Kal Akal sans que l’on puisse être à mesure de verifier.

Pillages/destructions /Incendie : on enregistre principalement les cas suivants :

1. Le 10/3/2024 : plusieurs campements nomades ont été incendiés à Egharghar,Kidal ;

2. Le 15/3/2024 : une bavure impliquant des transporteurs d’essence s’est soldée outre la mort de 5 personnes, par l’incendie/dommages de 6 véhicules avec toute leur cargaison, soit plusieurs centaines de millions de Fcfa en fumée dans le secteur de Tabankorte ;

3. Le 16/3/2024 : campagne des destructions et des pillages des maisons à l’aide d’engins lourds à Tessalit et vol des plusieurs véhicules et motos ;

4. Le 18-19/3/2024 : frappes de drone à Zouera, Goundam avec 1 mort,3 blessés et plusieurs commerces essoufflés. Les dégâts sont estimés à plusieurs centaines des millions de francs cfa ;

5. Le 21/3/2024 : Gabero à 52km de Gao, les terroristes de l’EIGS ont procédé à des pillages des boutiques, des maisons et de vol de beaucoup d’animaux avant d’exécuter un vieillard du nom d’IDRISSA ALMADJISSA.

6. Le 29/3/2024 : frappe de drone contre un dépôt de carburant appartenant à des commerçants à combo, cercle de Rharous, 1 mort,2 blessés et des dommages matériels importants ;

Vol : dans cette rubrique, l’Association Kal Akal a pu documenter les cas les plus flagrants et irréfutables racontés par les victimes elles-mêmes et les témoins de la scène sur place.

Ainsi, le 15/3/2024 : une patrouille de wagner-fama a sillonné certaines localités relevant du cercle de Tidermene dans la région de Menaka, elle a volé/confisqué de l’argent avec 6 personnes pour une somme totale d’un million quatre cent trente-cinq milles (1.435.000F) se répartissant ainsi qu’il suit :

Vol de 400000F appartenant à un boucher ;

Vol de 100000F appartenant à un berger ;

Vol de 285000 d’un maraicher ;

Vol de 400000 d’un commerçant ;

Vol de 150000 d’un maraicher ;

Vol de 100000 d’un maraicher

16/3/2024 : en marge de leur campagne des destructions et des pillages des maisons à l’aide d’engins lourds à Tessalit, Wagner et ses supplétifs Famas ont procédé au vol des plusieurs véhicules et motos ;

RAPPORT N°05/AKA/2024 Période : Mois d’Avril

Les auteurs des violations des droits de l’homme sont, dans l’ordre de l’ampleur et de la gravité des actes posés wagner-fama, puis l’EIGS et le JNIM.

Elles sont commises au moyen de :

➢ Drones Bayraktar de fabrication Turque ;

➢ Avions de chasse ;

➢ Hélicoptères ;

➢ Artillerie à travers des bombardements aveugles ;

➢ Exécutions sommaires à l’aide des armes légères ;

➢ Décapitations avec des armes blanches ;

Dans le courant du mois d’Avril, Kal Akal a pu recueillir, au titre de :

1. Massacres/exécutions : 114 cas portant exclusivement sur des civils désarmés en Azawad et dans le centre du Mali. Les cas les plus emblématiques furent l’exécution sommaire de 9 civils à Adanan Nakafar, Anafif le13.04.2024 par wagner-fama et de 42 civils suite à une vaste campagne meurtrière menée entre le 20 et 25 Avril dans des villages relevant des cercles de Niafunké et de Youwarou sur la rive droite du fleuve Niger.

Il ya eu également le cas de Mohamed Ag Said, gardien de l’Assemblée régionale de Kidal et de Mohamed Ag Abah, enseignant à la Medersa du quartier de l’aviation don’t les corps sans vie ont été retrouvés près d’Intidban. On note dans ce registre macabre une frappe de drone à Hassi loumazil, secteur de Zarho,120 km au Nord de ber, tuant une femme et ses deux enfants don’t un nourrisson le 07/04/2024.

2. Arrestations/disparitions : 37 cas ont été signalés par nos relais locaux, don’t le cas de 3 vieillards d’environs 80 ans arrêtés à Egar-gar, Tessalit lors d’une sortie de wagner-fama dans la zone. L’Association a pu se procurer de leur vidéo d’arrestation. Deux civils, gérants d’une pharmacie à kidal aussi ont été signalés. Le 09.04.2024 :la disparition de Hamzata Ag Mahmoud a été signalée alors qu’il revenait de l’Algérie.

3. Tortures et blessures : plusieurs cas de blessures nous ont été rapportés sans être à mesure de les rapporter de façon quantifiée. Les cas de tortures concernent principalement Saboghak/Tessalit, Toulabela, dans le mema, Gabero, hombori, Garib…et impliquent wagner-fama et EIGS.

4. Vol : quatre (4) véhicules ont été volés dans la zone d’Achibago, du bétail non quantifié et de motocyclistes ont été volés à bara/Ansongo et des téléphones et argent volés à Tedjerert/Alata suite à une incursion de l’EIGS. Il ya eu aussi plus de cinq cent (500) têtes de bovins volés à Diankabou/Koro par des hommes de Wagner-Fama.

5. Destructions/Pillages et autres dommages matériels : nous avons pu suivre les cas suivants :

➢ Destruction à l’aide des bulldozers des habitations et des infrastructures à Saboghak, Tessalit, la destruction d’un château, des habitations et la mort des camelins, des ânes, des ovins à Toulabella dans le mema.

➢ Kal Akal a noté également la mort d’un fennec suite à une frappe de drone réalisée entre le 02 et le 03 /04/2024 à Al ourch, 45km au Nord de Larnab. Sur un tout autre registre, Kal Akal a été informé de la décision de wagner-fama de forcer tous les déplacés nomades dans les périphéries de Tombouctou, Niafunké de rallier les grandes agglomérations sous peine de cibles militaires.

Par ailleurs, après la production du rapport mensuel de mars, l’Association Kal Akal a pu se procurer des informations relatives à 87 cas d’exécutions des civils opérés dans les zones de Boni, Koro, Niono et de 6 cas d’arrestations par Wagner-Fama.

C’est dans ce cadre et conformément à sa ligne directrice consistant à ne rien laisser passer par les mailles du filet que Kal Akal a pu se procurer la vidéo et le témoignage d’une dame don’t le mari a été enlevé par Wagner-Fama en plein cœur de Tombouctou à travers un tableau récapitulatif des renseignements recueillis. Depuis ce jour, il demeure mystérieusement introuvable.

Pour ne rien arranger dans les souffrances des populations, en plus des violations de droits de l’homme se manifestant par des exécutions, des vols, des arrestations…s’ajoutent des blocus imposés par les groupes terroristes notamment sur Tombouctou, Tessit, Ménaka…mettant les populations dans une situation de psychose et de précarité assez élevée.

Conclusion :

L’Association Kal Akal, conformément à sa mission de défense des droits humains du peuple de l’Azawad condamne fermement ces violations inhumaines, injustifiées et répétées commises par des mercenaires internationaux blacklistés par les Nations Unies et employés par un Etat, via la junte de Bamako, signataire de tous les textes relatifs à la protection des droits humains.

Elle dénonce le silence assourdissant, apparenté à une indifférence de la part de la communauté internationale, principalement les organisations des droits de l’homme devant une épuration ethnique ciblée à l’image des celles du Rwanda, du Soudan…perpétrée à ciel ouvert contre un peuple autochtone sur ses terres.

L’Association Kal Akal lance un appel pressant aux ONGs des droits de l’homme à s’intéresser vivement et dans l’urgence à ce dossier pour garantir l’impunité aux criminels.

L’Association Kal Akal tend sa main à toutes les personnes, acteurs, organisations épris de paix et de justice et désireux d’apporter leur pierre pour aider à faire la lumière sur les violations des droits du peuple de l’Azawad à travers un droit de poursuite contre les auteurs, coauteurs et complices des crimes.

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