Rapport de Février 2025, sur les violations des Droits Humains dans l’Azawad.

Rapport de Février 2025, sur les violations des Droits Humains dans l’Azawad.

OBSERVATOIRE DE VEILLE CITOYENNE POUR LA DEFENSE DES DROITS HUMAINS DU PEUPLE DE L’AZAWAD, « ASSOCIATION KAL AKAL »

RAPPORT N°02/MHB/2025
Période : Mois de Février
Date : le 1er Mars 2025

Introduction :
L’association Kal Akal est une organisation de la société civile basée à Kidal, dédiée à la défense des droits humains du peuple de l’Azawad. À but non lucratif, elle œuvre pour la promotion de l’éducation, la préservation du patrimoine culturel, la cohésion sociale et la défense des droits humains.
Son travail de documentation couvre l’ensemble des régions de l’Azawad ainsi qu’une partie du centre du Mali. Grâce à un réseau de relais locaux et de personnes anonymes, Kal Akal recueille des informations sur les violations des droits humains sans distinction des auteurs, des cibles ou des motivations.

CHRONIQUE DES ATROCITÉS PERPÉTRÉES EN AZAWAD :

un mois de février 2025 marqué par la terreur et la barbarie
Le mois de février 2025 se distingue de manière tragique dans la longue série de violences qui dévastent les régions septentrionales de l’Azawad. Les populations civiles, déjà accablées par une insécurité persistante, ont été victimes d’exactions d’une brutalité sans pareille, commises aussi bien par l’armée malienne et ses alliés, les mercenaires russes du groupe Wagner, que par l’EIGS.
Ce rapport entend dresser un tableau rigoureux et détaillé des violations massives des droits humains commises au cours de ce mois, tout en appelant instamment la communauté internationale à prendre la pleine mesure de la tragédie en cours.
I. EXÉCUTIONS SOMMAIRES ET MEURTRES CIBLÉS : UNE SPIRALE DE LA MORT : 109 cas confirmés
Le mois de février a débuté sous le signe du deuil, avec la découverte, le 1er février 2025, du corps sans vie de l’enseignant Daouda Maïga, cruellement assassiné entre Talabit et Aguelhok (région de Kidal). Ce meurtre, attribué à l’armée malienne et aux mercenaires de Wagner, a marqué le début d’une série macabre d’exécutions extrajudiciaires :

  • Le 7 février, lors d’une attaque à Koubi (entre Gao et Ansongo), 45 civils ont péri sous les balles, victimes collatérales de l’affrontement entre des combattants de l’État islamique et un convoi militaire malien accompagné de mercenaires Wagner. Cette tragédie a été suivie de l’exécution de 15 civils de la communauté Songhoy aux abords d’Ansongo.
  • Le 10 février, à Tinalfaghayamen, dans la zone de Gargando, une mission conjointe FAMa-Wagner a sommairement exécuté un civil. Plus tard dans la même journée, trois civils ont subi le même sort à Tabagout, au nord de Goundam, tandis que plusieurs femmes ont été grièvement blessées.
  • Le 12 février, à Tindinda (région de Tombouctou), quatre jeunes ont été exécuté par des éléments FAMa-Wagner, et deux autres personnes ont été arrêtées.
  • Le 16 février, lors d’une vaste opération menée dans la région de Kidal, l’armée malienne et les mercenaires de Wagner se sont livrés à des actes de violence extrême :
    À Aslaghe, une patrouille a ouvert le feu sur le bétail rassemblé à un point d’abreuvement, avant d’exécuter deux civils. Les corps des victimes ont été piégés avec des explosifs, provoquant la mort de deux proches venus les enterrer. Le bilan de cette atrocité s’élève à quatre morts.
    Dans la zone d’Inorhi, quatre véhicules Hilux ont été pris pour cible : un véhicule a été incendié, deux ont été saisis, et 28 personnes ont péri, dont trois femmes et deux fillettes. Le quatrième véhicule, sous le feu ennemi, a réussi à fuir, mais avec deux morts (dont une femme qui a succombé à ses blessures) et un blessé. Par ailleurs, un autre véhicule civil a été saisi, et ses occupants ont disparu sans laisser de trace, plongeant leurs familles dans l’angoisse.
    À Tin Adjoumas, dans la commune d’Aguelhok, une frappe aérienne menée par l’armée malienne et les mercenaires de Wagner a ciblé un véhicule civil, causant la mort d’un civil et blessant grièvement un autre.
  • Le 23 février, Aghali Ag Doula a été exécuté à Tessalit, marquant un énième épisode de violence aveugle contre les populations civiles.
  • Le 25 février, à Intachdaite, les mercenaires de Wagner et les militaires maliens ont sommairement exécuté Khama Ag Billal et Aljimit Ag Sakat, ajoutant leurs noms à la longue liste des victimes de cette barbarie.
  • 26 février 2025. le corps sans vie de Ahmedou ag Alhassane a été retrouvé exécuté par balle à Ahoumbouber, dans la zone de Tessalit. Il faisait partie des personnes enlevées par les militaires maliens et les mercenaires de Wagner le 26 février 2025.
    II. ENLÈVEMENTS, DISPARITIONS FORCÉES ET TORTURES : 19 cas confirmés
    Les enlèvements se sont multipliés, plongeant les familles des disparus dans une angoisse insoutenable :
  • Le 5 février, à Barrage Elewidj Aguelhoc, Baddi Ag Ibrahim et Ayouba Ag Tallati ont été enlevés par une patrouille Wagner.
  • Le 7 février, Ahmedou Ag Mohamed, un nomade touareg, a été kidnappé au nord de Ber.
  • Le 21 février, Mohamed Ag Imaalhit a subi de cruelles tortures à Markouba, où ses ravisseurs lui ont coupé les oreilles avant de l’abandonner pour mort.
  • Le 22 février, Vieux Ag Hamra, un jeune commerçant, a été enlevé à Tessalit, son sort restant à ce jour inconnu.
  • Du 23 au 25 février, au moins deux personnes ont été enlevées lors des attaques à Tikankent et Intachdaite, avant d’être sommairement exécutées.
  • Le 26 février, au moins onze personnes ont été arrêtées dans la ville de Tessalit, plus tard, l’adjoint de maire a été libéré avec deux enfant détenus.
    Ces exactions s’inscrivent dans une stratégie de terreur systématique visant à museler toute velléité de résistance au sein des populations locales.
    III. PILLAGES SYSTÉMATIQUES ET DESTRUCTIONS MASSIVES DE BIENS CIVILS / VIOL :
    Le mois de février a également été marqué par des opérations de pillage d’une ampleur dévastatrice :
  • Le 2 février, les localités de Telamsi et Azawa ont été mises à sac, leurs habitants dépouillés de vivres et de carburant indispensables à leur survie.
  • Le 9 février, au marché hebdomadaire d’Ekdoun, des mercenaires de Wagner et des soldats maliens ont terrorisé les commerçants, volant argent et marchandises.
  • Le 10 février, à Tombouctou, des commerçants ont été contraints de signer des chèques sous la menace avant d’être exécutés.
  • Du 23 au 25 février, de Tikankent à Intachdaite, des habitations et des biens des villageois ont été méthodiquement détruits par des explosifs ou réduits en cendres et endommagés les habitions à l’aide de véhicules blindés. Les tentes bédouines ont été incendiées et endommagés, tout comme deux véhicules cruciaux pour l’approvisionnement en eau potable.
    Outre ces actes de pillage, des habitations civiles ont été incendiées, comme à Tabagout (Nord de Goundam) où des greniers de céréales, des ustensiles de cuisine et même des pâturages ont été volontairement réduits en cendres.
    IV. CONSÉQUENCES HUMANITAIRES : UN EXODE MASSIF DES POPULATIONS CIVILES
    Face à ces violences incessantes, les populations n’ont eu d’autre choix que l’exil :
  • Le 21 février, plusieurs centaines de familles touarègues et arabe ont fui la région de Kidal pour chercher refuge en Algérie.
  • Du 21 au 23 février, un afflux massif de déplacés a été constaté à la frontière algérienne, notamment à Talahendak et El-Khamsine, où des camions bondés de familles désemparées ont convergé, fuyant la répression et les violences.
  • À la suite des événements du 23 au 25 février, des familles de Tikankent, Intachdaite et leurs environs se sont jointes à cet exode, abandonnant tout pour échapper aux exactions.
    La situation humanitaire se détériore de jour en jour, les civils déplacés se retrouvant privés de tout, démunis face à un avenir incertain.
    V. VIOL :
    Aucun cas de viol n’a été dûment enregistré par nos soins au cours du mois de février.
    Conclusion :
    UN APPEL À LA MOBILISATION INTERNATIONALE
    L’association Kal-Akal dénonce avec la plus grande fermeté ces atrocités qui constituent des violations graves et répétées du droit international humanitaire et des droits de l’Homme.
    Nous en appelons solennellement à la communauté internationale afin qu’elle use de tous les moyens à sa disposition pour :
  • Protéger les populations civiles de l’Azawad, victimes de cette violence aveugle ;
  • Mettre fin à l’impunité dont jouissent les auteurs de ces crimes ;
  • Assurer un accès humanitaire sûr et sans entrave aux régions affectées.
    L’association Kal-Akal, fidèle à sa mission de défense des droits humains, poursuivra inlassablement son travail de documentation des exactions et d’assistance aux victimes, tout en maintenant une vigilance accrue sur l’évolution de la situation.
    Ce rapport détaillé entend contribuer à la prise de conscience de la gravité de la situation en Azawad et à susciter une réaction à la hauteur de l’urgence humanitaire et sécuritaire qui frappe cette région.

QUELQUES IMAGES DES CRIMES

Une voiture civile brûlée lors de l’attaque menée par l’EIGS contre l’escorte, ce jour du 7 février 2025 vers 14 heures à Kobé. Sur l’axe Ansongo-Gao : 45 civils ont été tués par l’EIGS et 15 autres par le groupe Wagner

Le 17 février 2025, quatre véhicules ont été attaqués, dont trois interceptés par les forces FAMA-Wagner. Les 28 passagers de ces véhicules ont été tués, y compris des femmes et des enfants, dont certains revenaient d’un mariage en Algérie.

Le 09 février 2025, des forces armées maliennes escortées par Wagner ont incendié volontairement des habitations civiles à Tabagout, au nord de Goundam,

Aka : Association Kal Akal
FAMa = forces Armées Maliennes
Wagner = les mercenaires russes de groupe Wagner
EIGS : L’État islamique dans le Grand Sahara


Adresses de l’Association :
1.facebook : https://cutt.ly/Fekd7aMb
2. blog : https://www.kal-akal.com/
3. Twitter :https://x.com/kalakal2012/

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