Violations des droits humains en Azawad:  Rapport mensuel d’août 2025.

Violations des droits humains en Azawad:  Rapport mensuel d’août 2025.

RAPPORT N°08/AKA/2025

Période : Mois d’août 2025

Date : le 1er septembre 2025

Introduction

L’Association Kal-Akal, observatoire citoyen pour la défense des droits humains en Azawad, poursuit sa mission de veille, de documentation et de dénonciation des exactions commises contre les populations civiles. Grâce à son réseau de relais locaux et de témoins anonymes, elle recueille et rapporte avec rigueur les violations des droits humains, quelles qu’en soient les origines.

Le mois d’août 2025 a été marqué par une intensification des frappes de drones, des incursions militaires conjointes entre les Forces armées maliennes (FAMa) et les supplétifs russes de l’Africa Corps, ainsi que des exactions ciblant les civils dans plusieurs régions de l’Azawad. Les opérations militaires, menées sous couvert de lutte contre l’insécurité, se sont traduites par des pertes humaines importantes, des disparitions forcées, des pillages et des déplacements massifs de populations.

I. EXÉCUTIONS SOMMAIRES ET MEURTRES CIBLÉS : 31 cas confirmés

  • 4 août : Dans la zone de Tegharghar, un drone FAMa-Russe a frappé un véhicule civil de type Toyota FJ45, appartenant à Ousmane Ag Oumghad.
  • 11 août : Une frappe de drone a visé une cérémonie de mariage dans la zone de Méma (ouest de Kita). Bilan : 11 morts
  • 11 août : À Adjelhoc (Kidal), 6 personnes dont trois femmes ont été arrêtées par les FAMa et l’Africa Corps. Leur sort reste inconnu (présumés disparues/possiblement exécutées).
  • 16 août : Dans la zone de Tarkint–Tabankort, deux civils ont été ligotés, dépouillés et maltraités.
  • 17 août : Entre Anéfis et Tabankort, un conducteur de véhicule de transport a disparu après l’attaque de son camion, des traces de sang retrouvées sur place.
  • 19 août : Sidi Ag Baraka, président de la société civile de la région de Ménaka, enlevé il y a six mois par l’État islamique, aurait été exécuté par ses ravisseurs.
  • 25 août : Exécution de 3 civils peuls à Nouhadji (zone de Méma) par une patrouille conjointe FAMa–Africa Corps.
  • 25 août : Dans le village d’Anouadji (près de Léré), 7 personnes tuées par Africa Corps.
  • 27 août : Massacre dans les environs de Bamako : plusieurs femmes, hommes et enfants peuls exécutés, leurs animaux également tués.

II. ENLÈVEMENTS, DISPARITIONS FORCÉES ET TORTURES : 15 cas confirmés

  • 11 août : À Adjelhoc (Kidal), 6 personnes (dont trois femmes) arrêtées. Aucun signe de vie jusqu’à présent.
  • 17 août : Entre Anéfis et Tabankort, disparition du conducteur d’un véhicule de transport.

III. PILLAGES ET DESTRUCTIONS DE BIENS CIVILS : 6 cas confirmés

  • 7 août : À Tombouctou, interception de deux véhicules civils de commerçants chargés de motos. Les véhicules ont été saisis sans nouvelles de leurs chauffeurs.
  • 15 août : Un véhicule Hilux civil saccagé après interception entre Tarkint et Bourem.
  • 17 août : Disparition d’un véhicule civil Toyota après attaque près de Tabankort.
  • 19 août : Pillage et saisie de biens civils dans le village d’Eghassan N’Elwan (Gossi).
  • Drone à Aghabo (Kidal) : frappe ayant tué deux vaches appartenant à des nomades.

IV. CONSÉQUENCES HUMANITAIRES : EXODE, TRAUMATISMES, DÉPLACEMENTS : 5 cas documentés

  • Multiplication des frappes de drones provoquant des déplacements massifs de populations (zones de Méma, Kita, Kidal, Tombouctou).
  • Les arrestations arbitraires et disparitions forcées créent un climat de peur, poussant les familles à fuir les zones rurales.
  • Exécutions sommaires de civils peuls (Nouhadji, Anouadji, Bamako) accentuent la stigmatisation communautaire.
  • Le groupe JNIM a exigé aux habitants de la localité d’Erhabou (commune de Gabero, région de Gao) de quitter immédiatement la zone. À partir du 28 août 2025, les familles ont commencé à fuir avec leurs animaux et les quelques biens qu’elles ont pu emporter, provoquant un nouvel exode massif.
  • De nombreuses familles endeuillées ou dispersées vivent désormais dans la peur permanente, sans possibilité de recours à la justice.

V. VIOLS ET VIOLENCES SEXUELLES : 0 cas confirmés

Aucun cas n’a été officiellement rapporté durant le mois d’août 2025, bien que les zones affectées restent particulièrement exposées à ce type de violence.

Conclusion

Le mois d’août 2025 s’achève dans un climat d’horreur et de terreur pour les populations civiles de l’Azawad et au centre du Mali. Les opérations menées conjointement par les FAMa et l’Africa Corps se sont traduites par des massacres, des disparitions forcées, des pillages et des destructions de biens civils. Les populations civiles continuent de payer un lourd tribut à une guerre menée sans distinction ni respect du droit international humanitaire.

Les victimes recensées hommes, femmes, enfants et communautés entières subissent la brutalité de forces armées agissant dans une impunité totale.

L’Association Kal-Akal dénonce avec fermeté ces violations graves et appelle la communauté internationale à diligenter des enquêtes indépendantes, à protéger les civils et à exiger des comptes aux auteurs de ces crimes.

Fidèle à sa mission, l’Association Kal-Akal poursuivra son travail de documentation, d’alerte et de plaidoyer, aux côtés des victimes et pour la défense des droits humains.

Quelques images des crimes :

1-Le 15 août 2025, une voiture civile a été interceptée par un convoi de l’armée malienne accompagné du corps africain. En raison des routes impraticables à cause des pluies, les passagers ont fui à pied. Le convoi a ensuite fouillé le véhicule et l’a vandalisé.           

 2-Le 19 août 2025, à Eghassan Nelwan, au sud de Gossi, des mines posés par les mercenaires d’Africa Corps et FAMas ont explosé, causant la mort de plusieurs têtes de bétail.

 

3-Le 17 août 2025, un véhicule civil de marque Toyota FG a été intercepté par un convoi conjoint de l’armée malienne et des forces du Corps africain, à proximité de la localité de Tabankort.

Le sort des occupants demeure inconnu à ce jour. Toutefois, des images prises sur les lieux montrent des traces de sang au sol, ce qui pourrait indiquer que les passagers ont été victimes de violences physiques, voire d’un meurtre.

 

 

 

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